Cages d’élevage pour les Colins
1 Texte et photos Raymond Bouquet (propos recueillis par Thierry Girod).
Au cours de ma longue expérience dans l’élevage des oiseaux, j’ai élevé plusieurs espèces de Colins : Colin de Virginie (Colinus virginianus), Colin de Californie (Callipepla californica), Colin écaillé (Callipepla squamata), Colin de Gambel (Callipepla gambelli), Colin des montagnes (Oreortyx pictus)… Les problèmes Malgré tous mes efforts, j’avais du mal à les acclimater. J’ai cherché dans plusieurs livres pour comprendre ce qui n’allait pas chez moi. Je leur proposais pourtant de grands espaces, bien aérés, une nourriture que je pensais saine… Et puis j’ai découvert que dans leur milieu naturel les Colins sont adaptés aux régions arides. Chez moi le climat est méditerranéen, mais cela signifie aussi qu’à certaines périodes il pleut beaucoup. Et lorsque le vent souffle du sud, il apporte beaucoup d’humidité de la Méditerranée. Le sol était alors trop humide pour eux, provoquant diverses maladies. Seule exception, le Colin de Virginie, lui, s’élève très bien sur le sol et ne nécessite pas le dispositif que je vais décrire.
La solution
J’ai donc imaginé un dispositif qui permette à mes Colins de vivre loin du sol. Je leur ai conçu des cages posées sur des rondins de bois, et au fond j’ai laissé du grillage pour que les fientes tombent et que leur habitat reste propre. L’armature est en galvanisé, léger, solide et sain (photo 1). J’ai défini deux parties distinctes : une fermée, en bois, permettant aux oiseaux de s’abriter et de se cacher, et contenant mangeoire et abreuvoir, l’autre entièrement grillagée leur offrant le grand air.
Pour la réalisation pratique et la construction j’ai fait appel à un ami disposant d’un poste à souder, c‘est lui qu’on voit sur la photo 2.
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Les principes
J’ai divisé chaque partie en deux, pour des raisons pratiques : cela fait donc quatre zones dans chaque cage, on les voit sur les photos 3 et 4, pour simplifier je les ai identifiées pas des lettres : A, B, C et D.
- Les compartiments A et B sont dans la partie fermée, séparés par une cloison. Le compartiment A contient la mangeoire et l’abreuvoir. Les Colins ne peuvent pas y entrer, ils restent dans la partie B et se nourrissent et boivent grâce à des trous aménagés dans la cloison (voir photo 4). Il n’y a qu’un couvercle à la partie fermée, aussi j’ai ajouté un deuxième couvercle grillagé, seulement sur la partie B : ainsi lorsque j’ouvrais le premier couvercle, la partie B restait fermée par le grillage, et je pouvais changer l’eau et la nourriture sans risque de fuite pour les Colins (voir photo 3). Je préfère que les aliments et l’eau soient abrités, pour leur meilleure conservation. De plus avec ce procédé les oiseaux ne risquent pas de marcher dedans.
- Les Colins peuvent passer du compartiment B (fermé) à la partie ouverte (compartiments C puis D) par deux ouvertures aménagées dans la paroi de bois qui ferme le compartiment B (voir photos 3 et 4).
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- Les compartiments C et D correspondent à la partie entièrement grillagée. Ils ne sont pas séparés, mais j’ai disposé au-dessus de l’ensemble de mes cages un toit qui ne recouvrait que le compartiment C, ce qui permet aux oiseaux, s’ils le désirent, de se tenir à l’air libre à l’abri des intempéries. S’ils se mettent dans la partie C ils sont protégés par le toit, dans la partie D ils reçoivent, selon les cas, le soleil ou la pluie.
- J’ai laissé une petite fente entre les compartiments B et C, on la voit sur la photo 4 : cela me permettait de glisser une planche ou une grille en travers de la cage, pour fermer les trous de communication entre les parties B et C. De la sorte je pouvais enfermer mes Colin d’un côté ou de l’autre, et effectuer mes travaux de nettoyage et d’entretien sans risque de fuite.
J’accolais les cages deux à deux, en plaçant les portes sur les côtés opposés. J’ai aussi fabriqué des cages avec une porte de chaque côté, ainsi je pouvais placer ces cages indifféremment à droite ou à gauche de l’ensemble selon mes besoins. La photo 6 montre l’ensemble de l’installation, avec le toit qui ne protège que les compartiments A, B et C, laissant le compartiment D exposé.
A l’origine mon but était de trouver un moyen d’isoler mes Colins du sol. Et peu à peu, à force de perfectionnements, j’en suis arrivé à ce modèle qui me donnait toute satisfaction. Ce système implique que les œufs soient récoltés deux fois par jour et placés en incubateur artificiel car la femelle ne peut pas y faire de nid. Je plaçais un couple ou un trio par cage, parfois plusieurs couples si les oiseaux s’entendaient bien. D’ailleurs les Colins écaillés mâles semblaient apprécier d’avoir plusieurs femelles.
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Un peu de théorie
Quel est l'intérêt de l'élevage sur grillage ? C'est d'empêcher le contact entre les oiseaux et leurs fientes. Par définition les fientes des oiseaux tombent n'importe où. Même si les oiseaux ne picorent pas leurs fientes (bien que beaucoup le fassent), ils risquent en picorant le sol ou les perchoirs d'avaler des particules de fientes très petites. Pour la digestion ou la nutrition c'est sans importance, mais le problème c'est que les fientes contiennent souvent des œufs de parasites ou des bactéries. Elles les contiennent parce que l'intestin de l'oiseau les contient. Alors quelle différence s'il en remange ? La différence c'est souvent le nombre. Pendant leur séjour à l'air libre dans les matières fécales de l'oiseau, beaucoup de parasites en profitent pour devenir plus dangereux. Certains en effet ont besoin d'oxygène pour achever leur cycle, et ils contamineront plus facilement par la suite les oiseaux qui les avaleront à leur insu. Certaines coccidies par exemple ont absolument besoin de ce passage à l'extérieur pour pouvoir contaminer à nouveaux d'autres tubes digestifs d'oiseaux. De sorte que le nombre des parasites augmente dans l'intestin de nos oiseaux, au fur et à mesure des recontaminations. Et n'allez pas croire que c'est un problème spécifique aux Colins. Les coccidies sont très répandues chez les Oiseaux, et dans de très nombreuses espèces. Le genre le plus connu de coccidies s’appelle Eimeria, il a été plus souvent décrit car il concerne les animaux de ferme. Mais toutes nos espèces d’oiseaux d’agrément sont concernées. Le Canari n’est pas à l’abri de ces parasites : chez lui l’espèce rencontrée le plus souvent s’appelle, selon les auteurs, Atoxoplasma, Lankestarella ou Isospora.
Il existe des médicaments curatifs efficaces, mais la maladie cause des dégâts et fait courir un danger mortel aux oiseaux. Il vaut mieux la prévenir. De plus il est souvent illusoire d'espérer détruire tous les parasites vivant dans le corps des oiseaux, si bien qu'après un traitement les oiseaux n'ont plus de symptômes, mais il reste quelques parasites qui vont peu à peu reconstituer l'effectif. C'est à ce niveau qu'intervient l'immunité de l'oiseau, capable dans de bonnes conditions de retarder et de limiter cette prolifération. C'est pourquoi tous les soins qui visent à améliorer le confort et la santé des animaux (alimentation saine et adaptée, vitamines, activité physique, absence de stress,…) renforcent leur immunité et améliorent leur qualité de vie.
La prévention de cette parasitose consiste à empêcher l’oiseau d’ingérer des matières souillées par des fientes, susceptibleS de le contaminer avec de nouveaux parasites. Pour cela il faut empêcher autant que possible le contact entre les oiseaux et les fientes. Voici quelques mesures applicables :
- nettoyer souvent mangeoires et abreuvoirs pour éviter que les fientes ne viennent les souiller et les contaminer éventuellement.
- retirer les fientes chaque jour pour que les parasites n'aient pas le temps de devenir contaminants entre deux nettoyages. Même s'il peut rester des particules trop petites pour être détectées, et même si les nettoyages ne sont jamais assez fréquents, cela réduit toujours l'exposition des oiseaux au risque.
- élever sur un sol sec (ciment, carrelage,…), sans terre ni sable au sol, et protéger la volière de la pluie, pour que la sécheresse relative inhibe la maturation des parasites. Cela ne concerne que certaines espèces de coccidies, et la sècheresse du sol est difficile à assurer par tous les temps, mais là encore cette précaution protègera nos oiseaux, contre ces coccidies mais aussi contre les autres parasites et même les bactéries.
- élever sur grillage ou caillebotis pour que les fientes tombent à travers, ainsi les oiseaux ne se recontaminent pas. Il restera toujours des particules accrochées au grillage, mais la plus grande partie des fientes devient hors d'atteinte des oiseaux.
Toutes ces précautions, malgré leurs imperfections, s’avèrent efficaces et réduisent la prolifération des parasites (y compris les vers intestinaux).
Mon système, sur grillage, permet à l’oiseau de ne plus avoir de contact avec ses fientes qui tombent à travers le grillage. La lutte contre les coccidies aide ainsi à prévenir d'autres maladies. Bien entendu, je ne prétends pas avoir trouvé l’arme absolue, ni être l’inventeur de l’élevage sur grillage (dont le principe est bien connu), mais j’ai constaté à l’usage que mon installation me donnait toute satisfaction. Mes Colins se portaient mieux et prospéraient. 7
Extension
Certains éleveurs de Colins se sont inspirés de mes cages pour leur propre élevage. C’est bien volontiers que je leur faisais profiter de mes expériences. Et c’est aussi dans ce but que j’ai écrit cet article.
Une fois convaincu de la valeur de ce principe, je l’ai appliqué à mes Perdrix. Mais comme elles sont plus lourdes, le petit grillage du fond ne suffisait plus, j’ai dû modifier légèrement le modèle en agrandissant un peu les cages et en faisant vivre les animaux sur un grillage plus gros. Le grillage choisi pour les Colins n’aurait pas supporté leur poids. Attention quand même de ne pas utiliser des mailles de plus de 11 mm, sinon les Moineaux rentrent dans les cages pour piller la nourriture, et au passage propagent des maladies. En fait pour les Perdrix il faut un premier grillage de 11 mm pour permettre aux oiseaux de marcher sans s’abîmer les pattes, et dessous un grillage plus rigide pour la solidité, la taille de la maille étant indifférente. Pour les amateurs que cela intéresse, j’ai fait un schéma de ma cage-type. Les cotes sont en centimètres. Les cotes entre parenthèses concernent le modèle plus grand, destiné à des Perdrix ou à un groupe de Colins plus important.